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ASCENSION DU KILIMANDJARO (5895m)

 

 

 

 

27/02: 1h15, nous atterrissons à Kilimandjaro International Airport: un air chaud et humide nous accueille en descendant de l'avion. Les formalités de police et de douane sont rapidement évacuées et, chargés chacun de nos 2 sacs à dos, nous scrutons attentivement le petit groupe de personnes qui attendent les voyageurs et, miracle, nous apercevons Gasper qui nous attend sur place depuis plusieurs heures alors que notre premier contact avec lui date de 3 jours et se résume à un fax et une communication téléphonique : ce séjour en Tanzanie débute vraiment sous les meilleurs auspices. Rapidement, nous chargeons nos bagages dans la Land Rover et nous prenons la route de Marangu, point de départ de notre ascension. 1 H 30 et quelques barrages de police plus tard nous arrivons au Babylon Lodge: le coup de klaxon du chauffeur fait surgir immédiatement 2 personnes qui s'empressent de nous aider à transporter nos sacs vers nos chambres et après un rapide tour d'horizon nous pouvons nous plonger dans nos rêves.

 

HAKUNA MATATA

 

Au réveil, nous découvrons un patio fleuri et verdoyant bien agréable. Le premier petit déjeuner à la manière tanzanienne nous met en pleine forme pour le reste de la journée: fruits, toasts, omelette, café, thé, l'opulence!

Gasper est fidèle à son rendez vous et nous emmène vers la porte du parc national du Kilimandjaro à quelques kilomètres. Au passage nous faisons un arrêt pour découvrir "notre" sommet, imposant, abondamment enneigé et ...très loin. Nous mettons au point les détails pratiques de notre trek et prenons rendez-vous pour démarrer le lendemain matin.

Nous allons mettre à profit cette journée libre pour visiter le village de Marangu et nous plonger dans l'ambiance africaine. Evidemment nous ne tardons pas à être entourés de 2 jeunes autochtones pleins d'attentions qui décident de nous guider sans vraiment nous demander notre avis! Avec eux nous découvrons un marché haut en couleurs, animé et hétéroclite: les fruits et légumes y côtoient dans un savant désordre les vêtements et les ustensiles de cuisine en plastique, sans oublier le rémouleur dont la meule est actionnée par le pédalier du vélo sur laquelle elle est fixée. Notre visite se poursuit au milieu de plantations de bananiers et de caféiers le long des petits ruisseaux et cascades qui descendent de la montagne. Nous quittons nos 2 guides après une petite "négociation" sur leur pourboire: ils refusent avec dédain les 1000 shillings tanzaniens (10F) que nous leur proposons en demandant 20 dollars (120F)!!! Après un long marchandage ils finissent par accepter 3000 shillings.

 

28/02: nous ne pouvons nous empêcher de nous demander si le chauffeur et le guide étaient bien là comme prévu, mais, et nous le vérifierons tout au long de notre séjour, nul n'est besoin d'écrit, la parole donnée suffit. Ainsi, nous faisons la connaissance de notre guide, Mark, de son assistant et des porteurs. Avant de commencer notre périple il faut évidemment s'acquitter de quelques menues formalités administratives: paiement des taxes et inscription sur le registre en n'oubliant point une foule de renseignements tels qu’age, adresse, profession, nationalité: nul doute que l'institut de la statistique tanzanien en tire des renseignements fort intéressants!

Enfin, vers 10H nous quittons Marangu gate (1980m) pour emprunter une large route forestière qui monte en pente douce au milieu d'une forêt très dense. POLEPOLE, tel est le conseil que tout un chacun nous a prodigué depuis hier: nous nous appliquons donc à marcher très lentement puisque la clé du succès réside, entre autres, dans une acclimatation progressive à l'altitude. Au passage, nous apercevons quelques singes noirs qui sautent de branches en lianes avec une habileté incomparable. Vers 2500m les grands arbres de la forêt humide cèdent la place à une végétation plus sèche avec, en particulier, de grandes bruyères de plus de 2m de haut. Après 3h30 de marche nous atteignons Mandara hut (2750m). De petites cabanes de 4 places sont disposées au milieu d'une vaste clairière. Un bâtiment central permet de prendre les repas à l'abri et les sanitaires disposent d'une douche, le grand luxe. Histoire de ne pas nous arrêter en si bon chemin nous poursuivons jusqu'au Maundi crater situé à 20 minutes de là d'où nous apercevons le Mawenzi, seul sommet situé à proximité du Kilimandjaro. Au retour à Mandara nous découvrons le rituel quotidien qui va désormais nous accompagner pendant toute cette randonnée: à l'arrivée, collation avec thé, café et biscuits accompagnés de pop corn grillé. Le dîner ne tarde pas (17h30) et nous examinons avec une certaine curiosité mêlée d'inquiétude sa composition: tout commence par un brouet brunâtre dans lequel surnagent quelques carottes et petits pois: pas franchement appétissant, mais, comme l'indiquent tous les bons manuels, il faut beaucoup s'hydrater en altitude. La suite s'avère très copieuse: gros plat de pâtes( très cuites) accompagnées de légumes divers, carottes, chou, pommes de terre ( pas vraiment cuits), le tout accompagné de quelques morceaux de viande mettant à l'épreuve notre dentition! Pour terminer le tout des fruits divers tels que bananes, oranges ou ananas. Une longue nuit de 19h30 à 7h le lendemain nous permet de récupérer des "fatigues" de notre journée.

 

1/03: Après un petit déjeuner copieux et varié nous confions nos sacs aux porteurs et nous reprenons notre marche à 8h: au programme, 1000 mètres de dénivelé que nous nous astreindrons à parcourir lentement. Après une vingtaine de minutes nous découvrons un haut plateau où la savane fait son apparition. Au loin, la masse imposante du Kilimandjaro se découpe sur un ciel intensément bleu. Auprès de lui le Mawenzi contraste avec ses aiguilles déchiquetées et fragiles. Le chemin s'élève très doucement tout au long de la traversée de ce plateau qui domine la mer de nuages recouvrant la vallée. Une noria permanente de porteurs lourdement chargés anime le sentier: la plupart portent leur charge sur la tête, du sac à dos à la caisse métallique. Insensiblement, avec l'altitude, la savane laisse la place à un terrain plus rocailleux recouvert d'arbustes bas et les premiers séneçons géants font leur apparition. Nous franchissons quelques petits ravins successifs dans lesquels coulent de maigres ruisseaux et, au détour de l'un d'eux, nous découvrons tout près de nous Horombo hut (3720m) avec en toile de fond le sommet du Kilimandjaro jouant à cache-cache avec les nuages. Nous avons mis 5h pour gravir ces 1000m en appliquant à la lettre les recommandations de notre guide: POLEPOLE. Après avoir fait la cueillette de bois nos porteurs préparent la traditionnelle collation. Comme la veille, le dîner est servi à 17h30. Cette fois, il se compose, outre la soupe et les fruits, de chappatis et d'un énorme plat de riz avec du poulet: de quoi avoir l'estomac bien calé pour la longue nuit qui nous attend.

 

2/03: toute la nuit, le vent a soufflé fort, provoquant courants d'air et grincements divers dans la cabane. Heureusement, malgré l'altitude, la température reste douce. A 8h30 nous nous mettons en route en même temps que les porteurs: ils sont lourdement chargés, 2 sacs à dos sur la tête pour l'un, provision de bois pour un autre mais arriveront quand même bien avant nous. Le chemin progresse en pente douce le long d'un immense plateau qui devient très vite complètement désertique. Le paysage est grandiose: à gauche la masse, maintenant impressionnante, du Kilimandjaro avec ses glaciers dont nous distinguons les murailles de glace, à droite le Mawenzi avec ses aiguilles sombres entaillées de couloirs enneigés. Quelques gros blocs de roche volcanique presque noire et extrêmement rugueuse sont disséminés sur le plateau. Le contraste des couleurs est spectaculaire: blanc immaculé du sommet, bleu profond du ciel et coloris ocres et foncé des blocs. A 13h nous atteignons Kibo hut (4703m): refuge classique avec dortoirs situé au pied même du versant est du Kilimandjaro. Les premiers symptômes de l'altitude se font sentir chez certains. Les conversations des uns et des autres tournent essentiellement sur ce sujet: ceux qui ressentent quelques symptômes s'inquiètent de l'évolution et ceux qui y échappent se demandent pour combien de temps encore et chacun fouille dans sa pharmacie à la recherche du médicament miracle! Chacun dévisage ceux qui descendent du sommet et, dans l'ensemble, ils paraissent un peu "vaseux".

Le dîner est servi ce jour là à 17h, mais l'enthousiasme des convives n'est généralement pas à la hauteur du talent (!) des cuisiniers. La nuit devrait être courte puisque le réveil est programmé pour minuit. Et, pourtant, le sommeil est impossible à trouver: les idées se bousculent dans la tête entre l'impatience d'en découdre, les interrogations sur sa forme physique et la motivation intense d'atteindre le sommet. Jamais l'attente n'aura paru aussi longue.

 

3/03: Minuit, délivrance. Enfin nous approchons du but. Le petit déjeuner rencontre lui aussi un succès mitigé. Les gestes ne paraissent pas très bien assurés. A 0h45, c'est le départ sous un ciel constellé d'une myriade impressionnante d'étoiles. Mais il n'est pas question de regarder en l'air: la pente est très raide et le chemin fait d'innombrables lacets dans un éboulis de graviers et de sable qui nécessitent de regarder attentivement où poser les pieds. Pas après pas, très lentement, la progression s'effectue: véritable école de patience pour éviter de se laisser aller à accélérer. Il fait nuit noire et seul l'altimètre permet de se rendre compte de la progression. Au fur et à mesure de la montée l'espoir d'atteindre le sommet grandit. Soudain, dans le lointain les lumières de la ville de Taveta, frontière avec le Kenya apparaissent et avec elles l'impression de dominer de grands espaces. A mi-chemin entre le refuge et le bord du cratère, la grotte Hans Meyer (premier ascensionniste) est l'occasion d'une courte halte. Vers 5300m, la neige fait son apparition: très dure et constellée de petites aiguilles de glace façonnées par le vent. Le chemin commence à serpenter entre des blocs rocheux et brutalement débouche sur le bord du cratère à Gilman's point (5680m) à 5h30. La forme est parfaite: seuls un vague mal de tête et une légère sensation de vertige rappellent l'altitude. La suite du chemin est moins raide mais une étroite trace dans la neige domine des pentes de neige qui plongent vers le fond du cratère. La trace se poursuit le long de la rive du cratère qui s'élargit au bout de quelques centaines de mètres. Le soleil fait son apparition au loin: une large bande rougeoyante barre l'horizon, le sommet commence à émerger de la nuit au bout d'une longue croupe peu raide et quelques bancs de brume se glissent tout autour du cratère. Le froid est très vif, des paillettes de glace se déposent sur le sac à dos et sur le bonnet. Tout d'un coup le soleil frappe tout autour de nous, dissipant en un instant les brumes et créant des jeux de lumière et d'ombre autour de la silhouette du Mawenzi et des glaciers du Kilimandjaro. Bien que peu inclinée, l'arête qui mène au sommet est longue à parcourir: le rythme se ralentit encore, mais j'ai maintenant la certitude d'arriver et, curieusement, l'impression de pouvoir encore marcher longtemps. A 7h, arrivée à UHURU PEAK (5895m) point culminant du cratère. Rien ne masque l'horizon sur 360°: les 2 sommets les plus proches (Mawenzi et Mont Meru) paraissent bien petits et ici et là, au loin, quelques massifs montagneux percent les bancs de cumulus qui recouvrent à perte de vue la Tanzanie et le Kenya. L'intérieur du cratère est recouvert de neige et les murailles de glace permettent de juger de l'épaisseur des glaciers qui descendent le long des flancs du Kilimandjaro. Malgré le soleil intense, la neige reste très dure et certains passages à la descente réclament de la vigilance pour ne pas risquer une visite imprévue du fond du cratère! Après avoir quitté la neige la descente sur Kibo hut s'effectue droit dans la pente d'un éboulis raide qui permet de perdre 400 à 500 mètres d'altitude en un temps record. Toutefois, à l'arrivée au refuge toute la fatigue accumulée provoque une impression de grande lassitude accompagnée de maux de tête violents. L'altitude, encore élevée, ne permet pas de récupérer vraiment et il faut se forcer à reprendre le chemin pour redescendre vers Horombo hut. La traversée du plateau désertique parait interminable et c'est d'un pas mécanique que nous atteignons notre but à 13h. Après une courte sieste réparatrice maux de tête et fatigue auront disparu.

 

4/03: dernière journée sur les pentes du Kilimandjaro. La nuit a permis d'effacer toutes les séquelles de l'altitude et nous avons l'esprit reposé pour apprécier la lumière matinale qui éclaire de teintes chaudes "les neiges du Kilimandjaro". Avant le départ il convient de satisfaire au traditionnel pourboire, qui est l'occasion d'un nouveau marchandage avec le guide qui estime insuffisante notre contribution. Nous nous mettons rapidement d'accord sur une petite augmentation qui parait satisfaire tout le monde. Nous sommes prêts à reprendre notre descente. Nous parcourons avec intérêt le chemin emprunté à l'aller car la luminosité exceptionnelle nous offre des vues dégagées sur la plaine et nous ne manquons pas une occasion de nous retourner pour regarder le sommet qui, exceptionnellement, reste longtemps dégagé de tout nuage. Après la pause pique nique à Mandara hut nous atteignons Marangu gate à 14h. Après la petite formalité d'inscription sur le registre des arrivées ceux qui ont atteint le cratère se voient attribuer un magnifique diplôme. Notre chauffeur nous attend pour nous conduire à l'hôtel: à l'instant où nous rentrons dans notre chambre l'orage qui guettait depuis un bon moment éclate avec violence. Adieu Kilimandjaro.

 


 

 

Quelques informations pratiques:

 

Le KILIMANDJARO est situé au nord de la Tanzanie à proximité de la frontière avec le Kenya. L'aéroport le plus proche est le Kilimandjaro International Airport situé à une heure et demi de route de l'entrée du parc du Kilimandjaro. L'autre possibilité consiste à atterrir à Nairobi au Kenya: des liaisons par bus permettent de rejoindre la ville d'Arusha en Tanzanie où de nombreuses agences sont implantées. Certaines de ces agences peuvent également assurer les transferts depuis Nairobi.

L'ascension ne peut être entreprise sans le concours d'un guide et de porteurs.

Si rien n'a été organisé avant le départ, la meilleure solution parait être de passer 1 jour à Arusha pour chercher l'agence susceptible d'offrir le meilleur rapport qualité-prix. Il est indispensable de bien s'assurer du détail des prestations prévues avant de s'engager car certaines agences semblent peu sérieuses (on pourra consulter utilement le guide du routard KENYA TANZANIE).

L'autre solution consiste à contacter une agence avant le départ par Fax, téléphone ou e-mail.

 

 

Quelques prix 98 à titre indicatif:

 

            Ascension par la voie Marangu en 5 jours: 500 à 600 dollars par personne (prix incluant toutes les taxes d'accès, prix des nuitées pendant l'ascension, salaires des guides et porteurs). Il convient d'ajouter les pourboires (en fait quasiment obligatoires). La norme usuellement admise semble être de 50 dollars pour le guide, 30 pour l'assistant guide et 15 dollars par porteur à partager entre tous les membres du groupe.

 

            Nuit d'hôtel à Marangu (Babylon lodge): 60 dollars pour 3 personnes (incluant le petit déjeuner).

            Nuit d'hôtel à Arusha (YMCA): 23 dollars pour 3 personnes (incluant le petit déjeuner)      Repas: 4 à 6 dollars

            Transfert aéroport Marangu: 25 dollars